« Un
fiasco emblématique des erreurs à ne pas commettre quand on crée
une unité de traitement surtout avec un procédé innovant ou
supposé tel », voilà comment le numéro 63 du magazine Déchets infos résume l'expérience de l'usine de Lezay.
Il y a maintenant plus d'un an, avant l'inauguration en grande pompe de cette usine, Madame Royal expliquait à l'assistance d'alors, dans son fief électoral, « aujourd'hui encore, il existe des
réticences mais c'est bon signe » du grand art en langue de
bois ! Sauf qu'aujourd'hui les faits rattrapent les paroles et c'est un nouvel échec industriel porté par la Région Poitou-Charentes.
J'ai, avec mes collègues, alerté au sein de l'assemblée régionale pour dire toutes mes inquiétudes quant au procédé OXALOR. Fort de ma récente expérience dans le milieu du traitement des déchets et de sa
complexité, du retour d'expérience de l'usine de Mons en Belgique
fermée en 2010, il m'est très vite apparu la non viabilité économique mais aussi écologique de cette "technologie". Si
la technologie OXALOR était vraiment si élaborée alors tous les centres de
traitements seraient passés à cette technologie.
Il ne fallait pas être sorti de Saint-Cyr pour constater que ce
procédé était loin de répondre aux promesses de ces concepteurs,
pire le résultat du traitement est catastrophique et même polluant
pour les plastiques.
Madame Royal, forte de sa suffisance et de son aura supérieure de Ministre
de l'écologie, s'est obstinée avec l'argent public.
Les dés
étaient pipés d'avance :
Un
1er site pilote en 2000 à Libourne par le SICTOM du Libournais
très vite abandonné. 2ème pilote en 2004 à Lezay qui
fonctionnait sur des boues et déchets verts (rien à voir avec les ordures ménagères). 3ème pilote à Mons en Belgique abandonné en 2010. La Région Poitou-Charentes s'obstine !
Le
gisement des déchets sur la Communauté de Communes du Mellois était sous
dimensionné (4000 t/an) pour la rentabilité de l'usine (60
000 t/an). Même avec le renfort de la CAN (Communauté
d'agglomération du Niortais) juste avant les élections municipales et ses 20 000 tonnes, cela ne suffisait pas. Le
modèle économique de l'usine promettait 1€ de traitement OM =
1€ de valorisation matière, là on frise le rêve. La Région Poitou-Charentes n'anticipe pas les besoins !
L'ADEME a très vite retiré son soutien au projet suite à deux
expertises (2004 et 2008) où l'agence exprimait des réserves sur la
pertinence technique, économique et environnementale. La Région Poitou-Charentes n'entend pas les recommandations !
Le
procédé OXALOR est plus que contesté dans le milieu
professionnel du secteur, valorisation médiocre des déchets, coût
de traitement sous évalué, pollution des plastiques, CSR
(Combustible Solide de Récupération) de mauvaise qualité, des
promesses trompeuses et un désastre écologique à la clé. La Région Poitou-Charentes couvre les mauvais résultats !
On a
vendu un rêve écologique en fustigeant les traitements existants
qui, bien que n'étant pas suffisants, ont au moins le mérite d'exister
(enfouissement, incinération) tout ça à grand renfort de leçon de
morale écolo. C'est un
projet politique voulu et décidé par Madame Royal, aujourd'hui
c'est un fiasco économique mais aussi et surtout écologique, elle
devra l'assumer.
« La
préférence pour le présent et ses facilités a toujours un coût
pour l'avenir. » J. Chirac